Frédéric Côté-Boudreau, doctorant en philosophie à l’Université Queen’s
Élise Desaulniers, auteure de Je mange avec ma tête : les conséquences de nos choix alimentaires (Stanké 2011) et Vache à lait, dix mythes de l’industrie laitière (Stanké 2013)

En ce 22 avril, on nous invite à fêter la terre « en changeant nos habitudes ». Dans sa campagne québécoise, le Jour de la terre présente des piñatas en forme d’animaux sauvages contenant non pas des bonbons, mais des déchets : canettes d’aluminium, bouchons de plastique, mégots de cigarettes ou morceaux de verre.

(CRITIQUE DU NÉOCARNISME ORDINAIRE)

Les élevages à petite échelle et soucieux du bien-être animal sont-ils moralement acceptables? Dans son dernier livre, l’universitaire américain James McWilliams propose une histoire du temps présent et nous raconte un fait divers survenu au Vermont en 2012. Bill et Lou, les deux bœufs de trait – et les deux mascottes – d’une petite université pour environnementalistes adeptes de la « sustainability », allaient être servi à la cafet’. D’aucuns s’en soucièrent. Avec cette chronique d’une controverse agricole et cette critique du néocarnisme ordinaire,  McWilliams nous offre une plongée stimulante en éthique appliquée. Et un livre important.

La diffusion du reportage La face cachée de la viande sur TVA dimanche dernier nous aura montré une chose : les agriculteurs du Québec sont branchés. Ils ont été des centaines à commenter sur Facebook et Twitter, pour la plupart outrés qu’on diffuse de tels mensonges à heure de grande écoute et qu’on omette de présenter « les deux côtés de la médaille ». On pouvait s’y attendre. N’importe quel groupe pointé du doigt aurait réagit de la sorte : un reportage sur la face cachée de l’éducation aurait amené des réactions de profs et un autre sur la face cachée de la coiffure aurait probablement lui aussi généré son lot de commentaires de la part de stylistes capillaires !

Quand j’ai commencé à m’intéresser à l’éthique animale il y a quatre ou cinq ans, rares étaient les sources d’information en Français. À part le premier livre de Jean-Baptiste et quelques textes de militants, rien. Puis il y a eu la « conversion » de Georges Laraque, la version française de Earthlings et l’arrivée les Lundis sans viande au Québec. Du coup, les médias ont commencé à aborder la question. On a eu droit à quelques excellents reportages dont celui de Richard Martineau aux Francs Tireurs. Est ensuite venue la traduction française de Eating Animalset j’ai l’impression que tout a déboulé. On parles du traitement qu’on fait des animaux, on se questionne sur notre rapport avec eux, c’est énorme. Plus on en parle, plus on sait, plus il est difficile d’ignorer ce qui se passe derrière les portes closes des élevages quand vient le temps de faire notre marché.

Je vous en parlais il y a quelques semaines, le New York Times a demandé à ses lecteurs de dire en quelques centaines de mots pourquoi il est éthique de manger de la viande ».

Un jury composé de Peter Singer, Michael Pollan, Jonathan Safran Foer, Mark Bittman et Andrew Light a sélectionné six textes. Les lecteurs ont choisi celui d’Ingrid Newkirk, une des fondatrice de PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) qui défendait l’idée selon laquelle seule la viande in vitro pouvait être consommée éthiquement (les textes étaient jugés anonymement). Quant au texte sélectionné par le jury, il n’aura séduit que 14% des lecteurs. Son auteur, Jay Boost, est agro-écologiste et enseigne dans un collège de Caroline du Nord.

Le New York Times organisait le mois dernier un concours dans lequel on invitait les lecteurs à soumettre de courts textes qui donnait des raisons éthiques de consommer de la viande. Initiative des plus intéressantes : au lieu de demander aux végés de justifier leurs positions, on déplace le fardeau de la preuve chez les carnivores.

Le jury composé de Peter Singer, Michael Pollan, Jonathan Safran Foer, Mark Bittman et Andrew Light a choisi six textes finalistes. On invite maintenant les lecteurs à voter pour leurs textes préférés avant le 24 avril.

Les fraises du Québec et la concurrence californienne

Je suis tombée dans les fraises quand j’étais petite. Comme tous les enfants, je voyais avec l’arrivée des fraises la fin des classes et des petites boules rouges apparaître dans mes céréales, mais j’ai aussi passé presque tous mes étés à cueillir des fraises à la ferme des Perron. Quand la St-Jean approchait,  j’avais oublié les genoux qui font mal, le cou brûlé par le soleil et les ongles tachés de rouge pour n’avoir qu’une envie, m’empiffrer de petits fruits rouges tout en gagnant quelques dollars.

Une campagne publicitaire sur les conditions d’élevage des poulets du Québec

Les Éleveurs de poulets du Québec lancent ces jours-ci une campagne télévisée sur les conditions d’élevage des volailles au Québec. Pour citer Infopresse, « signés Bien élevé, comme les précédents , les messages soulignent les bonnes conditions d’élevage des poulets du Québec en s’attaquant directement à certains mythes sur le sujet. » Dans un des messages, un poulet se réjouit d’avoir un toit, du grain, de l’espace et de la chaleur et n’espère rien de plus. Dans l’autre, il dit qu’il n’est pas tanné de manger du grain.

Sur le site des Éleveurs, bien peu d’information vient compléter la campagne télé. « En moyenne » il y aurait 10 poulets par mètre carré et les poulaillers seraient désinfectés avant chaque arrivage de nouveaux oiseaux. C’est tout.