(CRITIQUE DU NÉOCARNISME ORDINAIRE)

Les élevages à petite échelle et soucieux du bien-être animal sont-ils moralement acceptables? Dans son dernier livre, l’universitaire américain James McWilliams propose une histoire du temps présent et nous raconte un fait divers survenu au Vermont en 2012. Bill et Lou, les deux bœufs de trait – et les deux mascottes – d’une petite université pour environnementalistes adeptes de la « sustainability », allaient être servi à la cafet’. D’aucuns s’en soucièrent. Avec cette chronique d’une controverse agricole et cette critique du néocarnisme ordinaire,  McWilliams nous offre une plongée stimulante en éthique appliquée. Et un livre important.

Les arguments incarnés de Jonathan Safran Foer.

 

Je viens de terminer le dernier livre de Jonathan Safran Foer Faut-il manger des animaux? (Éditions de l’Olivier). Élise, qui en a déjà parlé dans sa version originale (Eating Animals) m’a demandé d’en dire quelques mots pour saluer la traduction française. Si j’ai accepté avec enthousiasme, c’est parce que je crois qu’il est hautement recommandable. C’est vraiment le genre de livre que j’ai envie d’offrir à mes amis.

Le conséquentialisme et la souffrance inutile

Après l’éthique de la vertu et la cruauté, puis le déontologisme et le droit des animaux, je conclus cette série sur l’éthique animale avec le conséquentialisme. Des trois théories morales de bases, c’est sans doute celle-ci qui correspond le plus à l’esprit de ce blog.

Le chien de Malebranche et les couilles de Descartes

On raconte que, battant son chien, le philosophe Nicolas Malebranche aurait affirmé : « Ça crie mais ça ne sent pas ». Autrement dit, inutile de s’apitoyer : le chien ne souffrait pas. Mais quelle mouche avait donc piqué notre philosophe? Malebranche n’est peut-être pas un philosophe très connu (c’est un métaphysicien et théologien français du 17e siècle), mais il n’est évidemment pas connu pour avoir été particulièrement cruel – ou particulièrement con. Alors pourquoi cette affirmation incongrue?

Le déontologisme et les droits des animaux

Entre deux chapitres de ma thèse en philo – qui n’a rien à voir avec l’éthique animale – j‘essaie de faire mon intéressant sur ce blog. Après un apéritif sur le sophisme naturaliste et une entrée sur la première des trois théories morales, l’éthique de la vertu, j’attaque aujourd’hui le plat de résistance avec la seconde, le déontologisme. Désolé, si ce billet est un peu long mais je crois qu’il reste plus digeste que les 3h de cours que j’inflige régulièrement sur le même sujet à mes étudiants de l’Université de Montréal. Je garde la troisième approche, le conséquentialisme pour le dessert (c’est la théorie de Peter Singer, le chouchou d’Élise).

Le cochon et le tire-bouchon

Quelle est la différence entre un cochon et un tire-bouchon? Aucune : ce sont tous les deux des choses. Et qu’est-ce qu’une chose? C’est ce dont on peut user et abuser à loisir, ce qu’on peut utiliser comme un moyen. Par exemple, pour ouvrir une bouteille de rouge. Or, un moyen n’est jamais respectable en lui-même (en revanche, la fin qu’il sert l’est parfois). C’est pourquoi les choses ne méritent pas d’être respectées, elles n’ont pas de dignité morale ; et c’est pourquoi elles n’ont aucun droit.  Ça ne veut pas dire qu’on peut faire n’importe quoi avec les choses : je n’ai pas le droit de voler un tire-bouchon ou de le planter dans la tête d’un cochon ; mais c’est parce que je bafoue alors les droits du propriétaire du tire-bouchon ou du cochon.