Les digestifs

Coups de coeur 2010

Un blog sans son bilan de fin d’année, ce serait comme un souper sans le petit digestif pour la route. Je n’échappe donc pas à la tendance de l’heure et vous offre, en vrac, mes coups de coeurs de l’année. Servez-vous.

2010 a connu ses excès comme le Double Down de PFK et autres gros trucs gras comme les breuvages à base de viande. Mais ça a aussi été une année où on s’est posé beaucoup de questions. On n’aurait pas imaginé il y a dix ans que la résistance d’un Happy Meal de McDo aux moisissures aurait fait couler autant d’encre. L’année qui se termine a aussi fait la part belle à l’alimentation locale et des pêches durables. Acheter des fraises californiennes en plein été devient scandaleux et on condamne les restos qui servent des poissons de la liste rouge.

Les restaurants

Le coup de coeur de l’année va à L’un des Sens sur Laurier. L’un des Sens a ouvert ses portes en début d’année et m’a tout de suite charmée avec ses produits locaux et bio et sa cuisine inventive et raffinée. Depuis, la formule s’est améliorée et on offre maintenant un ensemble de plats un peu plus gros qu’une entrée à 11$ chacun qu’on combine à sa guise, selon son appétit et son budget. Les plats sont tous plus tentants les uns que les autres et les options végés, nombreuses et inventives. Comme si ce n’était pas assez, la carte des vins propose plein de découvertes et le service est irréprochable. Un grand restaurant à prix doux.

Une autre belle découverte: Les 400 coups, qui vient d’ouvrir dans le Vieux-Montréal. Là aussi, le menu propose plusieurs options végétariennes qui feront pâlir d’envie les carnivores. Et si on finit son assiette, on a droit aux desserts de Patrice Demers. Que demander de plus ?

Et finalement, une mention toute spéciale pour le nouveau Crudessence sur Mackay. C’est beau, c’est bon, c’est inventif. Et c’est tout bio et végé.

Dans la bibliothèque

Je suis incapable de choisir mon livre de l’année entre Meat – a Benign Extravagance et Do Fish Feel Pain ?. Deux ouvrages complètement différents mais qui ont ceci de commun qu’ils ont grandement fait avancer ma réflexion sur la place des animaux dans notre alimentation.

Meat – a Benign Extravagance, de Simon Fairlie a été publié en Angleterre cet automne et vient tout juste d’être réédité aux États-Unis. Dans ce long (et plutôt rébarbatif, faut le dire) ouvrage de plus de 300 pages, Fairlie s’interroge sur la place des animaux dans l’agriculture. Jamais un auteur n’a analysé les différents modèles d’agriculture et leurs impacts avec autant de minutie. Un livre majeur, tout en nuances, qui bouleverse les idées préconcues.

J’ai aussi beaucoup aimé Do Fish Feel Pain ? de Victoria Braithwaite.  On a longtemps pensé que les poissons étaient des êtres dépourvus d’intelligence et de sensibilité et l’ouvrage de Braithwaite vient faire le point sur l’état de
nos connaissances actuelles. Ce genre d’ouvrage a tendance à être assez difficile d’approche pour quiconque n’est pas familier avec les sciences cognitives ou la biologie et Braithwaite a réussi le tour de force d’écrire un essai qui se lit vraiment comme un roman.

Côté livre de recettes, c’est en 2010 que j’ai découvert How to Cook Everything Vegetarian de Mark Bittman. J’en avais parlé iciHow to Cook Everything Vegetarian est devenu ma principale source d’inspiration et a certainement réussi à faire de moi une meilleure cuisinière.

Les bons coups de l’année

Les grandes chaînes d’épicerie que sont MétroSobeys/IGA et Loblaws ont toutes adoptées des politiques de pêche durable. On espère qu’en 2011, elles seront suivies par Costco, qui tarde encore à enlever de ses tablettes les poissons menacés et dont les pêches ne sont pas durables.

Du côté des viandes, on tarde toujours à nous proposer des options plus éthiques. On devrait s’inspirer de Whole Foods qui a marqué des points cette année en mettant en place un système d’étiquettes identifiant ses viandes selon le degré de bien-être animal.

Dans le panier d’épicerie

Premier coup de coeur pour les marchés fermiers qui s’implantent dans les quartiers de Montréal. Ma petite marche du dimanche après-midi pour aller jeter un coup d’oeil aux arrivages de la semaine est vite devenue une tradition. Second coup de coeur pour Fait ici, le magasin général urbain qui vient d’ouvir près du marché Atwater. Non seulement Fait ici nous amène les produits de nombreux producteurs locaux, mais Lindsay et Jackson ont vite réussi à créer une véritable communauté autour de leur boutique. Bravo.

Je suis aussi devenue complètement accro des tartinades de Porat : végé pâté, végé cretons, etc. J’en ai toujours un paquet dans le frigo; c’est l’en-cas parfait pour la fringale de fin d’après-midi. Mon autre méga découverte de l’année, c’est le kale ou chou-frisé. J’en ai jamais autant mangé et à chaque fois, je découvre de nouvelles façons de l’apprêter : sauté, en chips, en salade, dans la soupe… (Mariève propose des dizaines de recettes de Kale ici.)

Et pendant qu’on y est, mon accessoire cuisine de l’année : le spiral slicer. Ça l’air de rien, mais les nouilles de carottes et les guirlandes de betteraves ont fait de mes salades de véritables oeuvres d’art.

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Que nous réserve 2011 ? Je pense que la parution en français d’Eating Animals (Faut-il manger les animaux ?) en février devrait relancer le débat sur la question du bien-être animal. On devrait aussi commencer à voir de plus en plus de produits bio devenir mainstream comme c’est le déjà le cas des aliments pour bébé. Loblaws vend maintenant davantage de petits pots bio que de petits pots traditionnels. Le succès du « noël nog » de soya So Nice me fait aussi croire que les laits végétaux de soya, de riz, de chanvre de d’amande vont aussi prendre de plus en plus de place sur nos tablettes. Et on sera toujours de plus en plus nombreux à s’interroger sur les conséquences de nos choix alimentaires.