Vive l’avent

Les accommodements raisonnables dans les soupers de famille !


C’est toujours en tournant la dernière page du calendrier qu’on réalise que les fêtes de fin d’année approchent. Et soudainement, ma boîte se remplit de courriels d’organisation et je me surprend à rêver au jour où Google inventera une application qui optimise les horaires de tout le monde et fixe les dates de partys. Mais c’est le téléphone de ma mère qui m’a rappelé qu’il y avait dilemme plus grave que les deux soupers le même soir, à savoir la complexité des repas de famille pour quiconque a décidé de faire un peu attention au contenu de son assiette : «es-tu encore végétarienne ? » Oui… « tu vas pouvoir manger de la viande pour une fois ? ». Euh… « du poisson ? » Euh…

Je me souviens qu’à mon premier Noël végé, il y a trois ou quatre ans, j’avais préféré ne rien dire et manger le veau en sauce qu’on m’avait servi. Après tout, je n’étais pas à une tranche d’animal près. Par la suite, je m’en suis sortie en proposant qu’on mange du poisson, mais c’était avant de comprendre que les poissons étaient des êtres sensibles, capables de souffrir comme les mammifères. L’an dernier, c’était une sorte de coming out officiel. J’ai invité toute la famille à la maison où j’ai servi un repas complètement végétalien. Grand succès.

Cette année, ce sont mes parents qui reçoivent. Ma mère insistait pour que tout le monde mange la même chose et je lui ai finalement proposé d’apporter le plat principal. Je lui enlève ainsi le poids de devoir expérimenter une nouvelle recette et puis faut dire que j’aime bien cuisiner! Je pense cuisiner quelque chose de simple, traditionnel et qui va s’harmoniser avec ses accompagnements, comme une tourtière végétalienne. J’aime beaucoup cette recette de Jae Steele à base de millet, mais si j’ai un peu de temps dans les prochaines semaines, je voudrais développer ma propre recette avec des champignons, des noix et des protéines de soya comme ce pain de viande.

Les exceptions qui font la règle

Reste qu’il n’y a pas d’absolu et que tout ça relève de choix biens personnels. Dans The Ethics of What We Eat, Peter Singer a une section qui s’appelle « Food is an ethical issue but you don’t have to be fanatic about it » que j’aime bien. À la différence des religions qui sont construites autour d’interdits, une pensée éthique peut s’adapter au contexte. On peut se demander comment le choix de ce qu’on va manger va affecter sa propre vie et la vie des autres. Et il n’y a pas de mal à donner du poids à ses propres intérêts. Un végétarien peut décider qu’il est préférable de manger la tourtière préparée avec amour par sa grand-mère sans devenir soudainement un monstre sans morale.

La bonne occasion

N’empêche qu’intégrer des plats plus « éthiques » dans les célébrations de fins d’année est une bonne occasion de parler de ses convictions, d’expliquer le pourquoi de nos choix.

Les végétariens pourront montrer qu’ils ne sont pas anémiques, expliquer pourquoi ils refusent de manger de la viande et faire goûter de nouveaux plats à la famille et aux amis. Mais pas besoin d’être végé pour apporter sa morale au réveillon. Les fêtes sont la bonne occasion pour proposer de manger  bio, d’éviter le saumon d’élevage ou de préparer un dessert à partir de chocolat équitable. Bien manger coûte cher et c’est quand même un peu plus compliqué. Mais s’il y a une période de l’année où un ne regarde un peu moins à la dépense et où on a du temps pour cuisiner, c’est bien le temps des fêtes. Si on veut manger de la dinde, on peut peut-être fournir l’effort supplémentaire pour qu’elle soit bio et qu’elle provienne d’un élevage respectueux. Et si c’est trop cher, pourquoi pas la remplacer par autre chose ?

C’est peut-être lorsqu’on pose des gestes éthiques devant une tablée de dix personnes qui nous aiment qu’ils ont le plus d’impact. Montrer comment on peut bien manger tout en ayant du plaisir est peut-être aussi le meilleur cadeau qu’on puisse faire à notre famille. Comme me l’écrivait Léa sur Facebook, « c’est un peu cela l’esprit du temps des fêtes: on partage nos connaissances, on échange nos idées et on s’accepte tels qu’on est!  »

À Table !

L’association végétarienne de France a préparé de menus des fêtes : daube de soja et gratin de polenta, croquants de tofu au sésame sur salade de noix, etc. Miam ! Tout ça est disponible en PDF sur son site. Le New York Times a quant à lui proposé une série de plats végétariens à l’occasion de Thanksgiving (ils ont même pensé au lendemain de veille).  On peut facilement recycler pour les fêtes de fin d’année, personne ne va s’en rendre compte !