Réveillon sans remords

Pourquoi ne pas faire du réveillon un repas exemplaire ?

Je reçois ma famille à souper dans quelques jours. Et personne ne sera surpris de lire que je ne sais toujours pas ce que je vais préparer. En cherchant de l’inspiration, je suis tombée sur le le menu des fêtes  responsable préparé par Laure Waridel en collaboration avec Josée Di Stasio pour la Biosphère. Voilà une référence culinaire qui devrait un peu mieux passer auprès de la famille que Peter Singer. J’ai par contre été bien déçue de ce que j’y ai trouvé. Des légumes et champignons locaux, certes, mais aussi beaucoup de beurre, de crème, du fromage et même du poulet et de la dinde.

Oui, évidemment, tout ça est bio. Mais un exemple de menu responsable, ça devrait être plus qu’adapter Jeane Benoît en ajoutant bio et local à chaque ingrédient.

Jonathan Safran Foer termine Eating Animals en se demandant d’ailleurs s’il doit manger de la dinde pour Thanksgiving. Et même après avoir visité les fermes d’élevage les plus humaines des États-Unis, il conclut que la viande éthique n’existe pas. Les parents des dindes et des poulets élevés en plein air sont, eux, gardés en captivité et affamés pour éviter qu’ils ne grossissent trop. Du côté des vaches laitières, on tue les veaux mâles dès la naissance. Même chose pour les poussins mâles de poules pondeuses. Et même lorsqu’une viande est certifiée biologique et élevée humainement, ça ne veut pas dire que le transport et l’abattage a été fait dans des conditions différentes de la viande industrielle. Le problème des produits bio, en fait, c’est que la certification ne signifie pas grand chose du côté de l’éthique animale. Jonathan Safran Foer rappelle qu’une dinde biologique peut avoir été torturée quotidiennement. Même bio, c’est encore l’oiseau qui est le dindon de la farce.

Comme l’écrit elle-même Laure Waridel dans l’Envers de l’assiette, «réduire notre consommation de viande épargne des vies animales, contribue à préserver les sols, réduit notre dépendance face aux produits de synthèse, diminue notre consommation énergétique, réduit la surface terrestre nécessaire à l’alimentation humaine et nous garde en santé.» En étant invitée avec Josée Di Stasio par la Biosphère à élaborer un menu responsable, Laure Waridel aurait pû donner l’exemple. Proposer des alternatives riches et goûteuses aux produits d’origine animale -réduire sa consommation de viande passe peut-être justement par un Noël sans beurre ni dinde. S’il y a une période de l’année où l’on mange certainement trop de viande, c’est bien les fêtes. Avez-vous déjà entendu parler de quelqu’un qui avait eu un craving de viande entre Noël et le nouvel an ? Or, dans son Menu Responsable, Laure Waridel ne propose aucune protéine végétale.

En poursuivant mes recherches, j’ai quand même pu constater qu’il se développe, heureusement, un véritable intérêt pour la cuisine végé autour des fêtes. En prévision de Thanksgiving, nos amis du sud proposaient des alternatives végétales à la dinde. Martha Stewart a invité Jonathan Safran Foer, le New York Times a également publié un article et des recettes sur la question. Plus près de chez nous, le Globe and Mail publiait la semaine dernière des recettes pour éblouir ses invités végétaliens. Dans La Presse, les granos urbaines y sont allées cette semaine de leurs recommandations de menu de Noël végé.

Je termine ce post et je vois que mon amie Geneviève vient de publier sur Facebook le menu du repas des fêtes végétalien qu’elle a préparé ce week-end : baluchons de pâte phyllo farcis aux champignons sauvages et haricots blancs, avec une polenta à l’ail et une sauce aux cèpes et Zinfandel, accompagnés de rapinis au balsamic et de poires grillées… On lit ça, on fait miam et on a envie de lui demander ses recettes. Noël est l’occasion idéale pour élaborer un menu végé comme l’a fait Geneviève. On se laisse la chance de découvrir que la gastronomie végé est possible et surtout, qu’il y a des alternatives aux viandes bio qui n’ont rien de « responsable ».

Pour un réveillon végé qui saura épater, on peut s’inspirer d’Alain Passard, chef du restaurant végétarien l’Arpège à Paris et étoilé Michelin. On trouve quelques unes de ses recettes ici et . On peut aussi consulter les deux livres du restaurant Millenium de San Francisco qui offre le plus bel exemple de haute cuisine végétalienne.