
S’il y a des cordonniers mal chaussés, il y a aussi des auteurs mal nourris dont le frigo déborde de légumes en train de dépérir. Les dernières semaines ont été relativement occupées pour moi et j’ai manifestement beaucoup trop pensé et pas assez mitonné. Découragée, j’ai appelé mon amie MariÈve de Brutalimentation au secours : « Tu viendrais vider mon frigo ? » MariÈve offre des séances de coaching en alimentation et La Presse a récemment chaudement recommandé ses cours. Pour mon plus grand plaisir, elle m’a immédiatement proposé de venir passer une journée chez moi. Je ne pouvais rêver de mieux pour sauver mes choux du compostage.
Il n’y a pas eu de grande révélation dans la visite de MariÈve. On sait tous plus ou moins cuisiner. Mais ce que j’ai découvert en passant du temps avec elle, c’est de la méthode et surtout, des pistes pour cuisiner créativement à partir de mon frigo et pas à partir de recettes. Y’a peut-être là un passage obligé pour manger avec sa tête !
Vider un frigo en 5 étapes
Avec l’automne qui se fait de plus en plus insistant, vous avez peut-être vous aussi envie d’un grand ménage du frigo et d’une longue journée devant les fourneaux. Je vous partage donc quelques trucs que j’ai glanés chez MariÈve:
1e étape : tremper des légumineuses. Une seule demande de MariÈve avant sa visite, mettre deux tasses de légumineuses à tremper. N’importe lesquelles. Une fois qu’on commence à cuisiner, il est un peu tard pour faire tremper les fèves rouges pendant douze heures et on se tourne trop facilement sur celles en boîte, beaucoup plus chères pour rien.

2e étape : regarder ce qu’on a. On a étalé tous les légumes sur le comptoir, ce qui m’a permis de retrouver quelques tomatillos qui avaient passé l’été coincés derrière un tiroir et d’évaluer l’ampleur de la tâche. Ensuite, on en profite pour nettoyer le frigo qui en avait bien besoin. Premier conseil de la coach : « ça va être beaucoup plus facile pour toi de cuisiner après, quand tout va être propre ». Simple, mais vrai. Elle m’a aussi conseillé de toujours laver mes légumes avant de les mettre au frigo. Les légumes que je reçois dans mon panier bio sont souvent plein de terre. Et que devoir laver une carotte avant de croquer dedans, ça coupe les envies.

3e étape, lancer les bases. On met des courges au four une quinzaine de minutes pour pouvoir ensuite mieux les éplucher, on nettoie des choux de Bruxelles, coupe un navet en minces tranches, cuit du riz, de la quinoa et des légumineuses. L’idée, comme me l’a bien expliqué MariÈve, c’est d’avoir les bases à partir desquelles nous allons créer nos plats, mais aussi d’avoir au frigo des aliments « presque » prêts à consommer. Si on a du chou râpé, du riz et des lentilles au frigo, ce sera facile et rapide d’improviser une salade froide avec une sauce au cari ou encore de faire réchauffer tout ça et d’y ajouter une tranche de tempeh pour un repas chaud.
4e étape, créer. Interdiction formelle de sortir acheter quoi que ce soit. On crée avec

ce qu’on a sous la main. Des betteraves cuites, de la quinoa, une vieille pomme verte, quelques pistaches et des brins de persil sauvés du gel in extremis seront mélangés en salade et répartis dans des contenants individuels. On va faire une bonne soupe d’automne avec du riz, des lentilles et des carottes alors que des aubergines et des tomates deviendront une ratatouille. Un peu de jus de lime ici, des tranches de tofu là-bas, et voilà.
5e étape, ranger. On met tout ça au frigo et idéalement, on fait la liste de ce qu’on a pour se rappeler dans une semaine qu’on a encore une tasse de fèves rouges et une purée de céleri rave à utiliser. Y’a aussi la vaisselle à faire. Mais vaut mieux avoir un méga tas de vaisselle une fois par mois qu’un moyen tas à tous les soirs, non ?
On a tous besoin d’ouvrir la porte de notre frigo à un étranger
Recevoir MariÈve dans ma cuisine m’a fait réaliser qu’on a peut-être tous besoin d’ouvrir notre frigo à un étranger pour mieux comprendre notre façon de faire l’épicerie, de cuisiner et de s’alimenter. Ce que MariÈve amène, c’est un peu comme la grammaire de la cuisine. Des bases fondamentales, indispensables pour s’amuser en cuisine au-delà des livres de recettes (et d’éthique !). En fait, MariÈve est là pour nous aider à passer de la théorie à la pratique, des grands principes à l’assiette. Ses clients sont des jeunes dans la vingtaine un peu perdus, des babyboomers qui veulent bien manger, des parents d’ados débordés, des blogueuses honteuses.
Dans la plupart des cas, une rencontre avec MariÈve commence par un petit cours de nutrition 101 pour que le client puisse se refaire un garde-manger et ait des repères une fois à l’épicerie. Et le coup d’oeil dans le frigo est incontournable : » Je profite aussi de la rencontre pour prendre connaissance du frigo/garde-manger ainsi que des habitudes alimentaires et de vie. Plusieurs de mes clients ont besoin de se faire confirmer que ce qu’ils mangent est « santé »… ou non. » Parfois, ça s’arrête là.
Ensuite, comme chez moi, on passe à la pratique : « Je deviens comme un modèle ou une référence sans prétention pour inciter et stimuler les gens à s’organiser, à ce responsabiliser et à passer à l’action. Je privilégie une cuisine à partir de ce que le client a. Pour démontrer qu’on peut cuisiner à partir de rien. Qu’on a pas besoin de recette ou d’ingrédients spéciaux. On se laisse inspirer par la disponibilité et les ingrédients. C’est ce que l’on a qui trace le repas et pas l’inverse. D’où l’importance d’avoir un garde-manger de qualité et bien garni d’ingrédients de base. Et de cette façon on sauve temps et argent et on apprend à utiliser et valoriser chaque ingrédient individuellement. C’est facile, simple, léger et créatif. » Et ça marche. Le lendemain de la visite de MariÈve, je suis retournée dans ma cuisine pour transformer ma citrouille « déjà cuite » en tarte. Sans recette.
Combien? Environ 200$ pour trois séances de 2h. Ou 35$ de l’heure.
Un beau cadeau à faire ou à se faire. Brutalimentation.ca