Les aliments qui nous tiennent au chaud

Un nouveau rapport évalue l’impact de l’alimentation sur le réchauffement climatique

Les Anglais devraient-ils devenir végétariens pour sauver la planète ? Oui, si on en croit les conclusions d’un rapport commandé par l’Agence des normes alimentaires britanniques (Food Standard Agency) publié il y a quelques jours. Selon l’étude, qui constitue une volumineuse synthèse de la littérature sur le sujet, les Anglais devraient changer de façon radicale ce qu’ils mangent et la façon dont ils cuisinent pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

C’est cet article du Telegraph qui m’a convaincue de passer mon dimanche après-midi à parcourir le rébarbatif Food and climate change : A review of the effects of climate change on food within the remit of the Food Standards Agency. L’étude, très bien documentée, fournit des données intéressantes qui comparent les émissions de CO2 associées à différents types d’aliments. On constate que le café, le thé, le cacao, le boeuf et le fromage sont responsables de la plus large part des émissions. Les laitues, concombres et tomates qui proviennent le plus souvent de cultures en serre ou sont importés par camions réfrigérés génèrent aussi un important volume de GES.  La volaille, les oeufs, le poisson et les biscuits sont dans le peloton du milieu alors que les produits locaux et peu transformés comme le lait, les pommes de terres et les pommes sont parmi ceux qui produisent le moins de CO2. Chose surprenante, les bananes et les oranges se trouvent aussi parmi les aliments qui produisent peu de CO2 parce que bien qu’elles soient importées, elles ne sont pas transformées et peu emballées et leur transport n’est pas réfrigéré.

Ces chiffres montrent que les fruits et légumes produits localement en saison produisent moins de GES que les aliments importés. La marge est plus mince hors saison et la consommation de certains produits importés comme les bananes a peu d’effet sur le réchauffement climatique. La règle à suivre devrait être de manger surtout des végétaux, des légumineuses et des céréales. Parmi les produits d’origine animale, c’est le lait qu’il faudrait privilégier.

Le rapport omet cependant de mettre ces chiffres en perspective avec la consommation réelle. D’après les plus récentes statistiques, chaque britannique consomme 57kg de boeuf par année, produisant 347 kg de CO2, mais il mange aussi 130kg de volaille pour 377 kg de CO2, ce qui fait passer la poule devant le boeuf comme responsable du réchauffement climatique. Et bien qu’un kilo de tomates produise davantage de CO2 qu’un kilo de poulet, les Britanniques n’en consomment que 19kg par année pour 60kg de CO2. Bref, il serait préférable de réduire d’un cinquième sa consommation de poulet avant de s’abstenir de manger des tomates.

L’étude soulève également la question peu souvent abordée de la transformation des aliments à la maison. On y apprend qu’il n’y a pas de différence significative entre les émissions de CO2 des repas préparés à la maison par rapport à ceux qu’on ne fait que réchauffer. On recommande toutefois l’utilisation du micro-ondes ou de la mijoteuse, moins énergivores que la cuisinière traditionnelle.

Finalement, les auteurs suggèrent que les écoles, hôpitaux et autres institutions publiques prennent les devants en imposant des aliments à faible émission de CO2 sur leurs menus.