Amuse bouche > 28 septembre 2010

Revue de presse

Après presque deux mois sans amuses bouche, le service est abondant. C’est un véritable cocktail dinatoire qui vous attend. On va donc y aller en deux services. D’abord la théorie et pour dessert dans quelques jours, la pratique et le reste. Pour les nouveaux lecteurs, les amuses-bouche sont un condensé de ce que je publie quotidiennement sur Twitter et Facebook.

La théorie

On a beaucoup parlé des poissons récemment. D’abord, la FDA a dit le saumon OGM ne sera pas étiqueté. Parlant d’élevage de poisson, domestiquer les espèces menacées comme le thon, c’est une bonne idée ? Toujours sur le poisson d’élevage, il est également intéressant de demander ce que mangent les poissons qu’on mange (réponse : du poisson).

Les stocks de morue avaient augmenté de 69% au large de Terre-Neuve. Mais 69% de rien, c’est encore rien. Food & Water Watch vient d’ailleurs de publier sa liste des 12 « pires » poissons – disons les 12 espèces à éviter à tout prix et chez nous, Metro a implanté sa politique de pêche durable et cesse la vente de 7 espèces de poissons menacées.

Et pendant ce temps, l’éthicien Peter Singer parle de la douleur chez les poissons (en français!) et un étudiant en psychologie américain a entrepris une série d’article sur la conscience des céphalopodes.

Si on reste dans l’eau un encore un peu, on peut lire cet article où Normand Laprise de Toqué parle de pêche durable et partage sa recette de bourgot sauté.

Sur la souffrance animale et la viande : CBC radio 1 a rélaisé une série de reportages sur la consommation de viande. Passionnant. On a aussi un petit reportage du NYT sur les conditions d’élevage des poules pondeuses. On y parles des oiseaux américains mais les conditions sont les mêmes ici (et il n’y a aucun projet concret pour améliorer les conditions de vie des animaux d’élevage). Mais bonne nouvelle aux États-Unis, les activistes et les agriculteurs commencent à s’entendre pour améliorer les conditions de vie des animaux d’élevage. D’ailleurs, la crise de la salmonelle qui a frappé les USA en août dernier a permis de faire le point sur les limites de la production industrielle. On s’est aussi demandé si une production biologique nous mettrait à l’abri d’une telle crise.

Le documentaire « Henry, One Man’s way » sur l’activiste Henry Spira, un des plus importants défenseurs du droit des animaux au 20e siècle est maintenant disponible sur Internet. Et toujours sur le droit des animaux, un autre excellent documentaire sur la situation au Canada est aussi disponible. Juste, bien réalisé. Incontournable.

Toujours sur la viande, il y a eu une discussion autour d’Eating Animals de Jonathan Safran Foer dans le National Post. Et Jeremy Rifkin parle du rôle et de l’évolution de l’empathie envers les autres créatures, humaines et non-humaines.

Et puis qu’est-ce qu’on fait des déchets d’abattoirs ? (attention aux coeurs sensibles).

Comment l’homme a-t-il commencé à manger de la viande et à cuire sa nourriture ? L’explication d’un professeur d’anthropologie biologique d’Harvard (il est végétarien!)

Sans grande surprise, ceux qui mangent tous les jours de grandes 
quantités de viande prendraient plus de poids au fil des ans que les personnes qui en consomment peu

Un philosophe quand à lui est plus radical, si on faisait lentement disparaître les carnivores ?

Marguerite Yourcenar était végétarienne à 95%. Un charmant billet raconte son rapport à l’écologie.

Dans un nouveau livre qui vient de paraître, Meat: A Benign Extravagance, Simon Fairlie soutient que les problèmes environnementaux et de faim dans le monde ne sont pas liés à la viande elle-même mais bien à nos façon de l’élever. Ses arguments ont ébranlé le chroniqueur du Guardian.

Surprise, on apprend que de les animaux clonés se multiplient (!) en Europe.

Finalement, de toutes les propositions faites pour réduire la consommation de viande pour sauver la planète et vivre en meilleure santé, celle de Peter Singer dont j’ai souvent parlé est celle qui me séduit le plus : la taxer.

Prix des aliments: The Economist propose une excellente synthèse de ce qu’est la crise du prix des aliments. D’ailleurs, 47% des Canadiens se passent des aliments sains à cause du prix trop élevé (et plein de données aussi intéressantes sur le prix des aliments…). Mais l’augmentation du prix des denrées a des effets parfois positifs. Et est-ce que ce serait la fin de la bouffe pas chère ? The Atlantic Wire recense succinctement les idées qui circulent.

Pendant ce temps, le nombre de personnes qui souffrent de malnutrition vient de tomber sous le milliard. Bonne nouvelle ? Bof. L’ONU a d’ailleurs lancé il y a quelques mois une excellente campagne de sensibilisation à la faim chronique et invite la population à signer une pétition pour que l’éradication de la faim soit la priorité absolue des gouvernements. Si vous faites partie des chanceux qui ont mangé aujourd’hui, vous devriez signer !

Ça a passé comme un fait divers des plus banals, mais on pourrait en faire une thèse. Des sans abris se plaignent du retrait du menu « Mc Valeur ».

On peut aussi lire un article sur The Coming Famine, un livre qui vient d’être publié sur les cause et solutions aux problèmes de malnutrition qui ne vont que s’accentuer si rien n’est fait.

L’agriculture mondiale va d’ailleurs devoir augmenter sa production alimentaire de 70% d’ici 2050 pour nourrir la planète. Un article du FAO qui a presque un an mais qui résume admirablement bien la situation.

Qu’est-ce qu’on fait ? L’agriculture intensive serait-elle la seule solution pour nourrir la planète ? (je ne pense pas, mais lui, oui!).  Sinon, on continue d’en parler : la viande artificielle pour combattre la malnutrition. Et y’a Nature qui se demande si la science peut nourrir la planète. Et pendant ce temps, l’Unicef sert du « Plumpy’s nut » aux enfants du Niger. Beaucoup de sucre ajouté, tout est importé, la formule est brevetée. Une bonne idée ?

Beaucoup d’autres articles sur l’agriculture. On a d’abord un effet visible des OGM : du maïs RoundUp Ready qui pousse à travers les champs de soya. Un vidéo de l’Union Paysanne. Et pendant ce temps, le colza génétiquement modifié se propage hors des zones cultivé et se croise avec d’autres espèces. Pour info, on produit de l’huile végétale à partir du colza (qu’on appelle aussi Canola) et le Canada est un des plus grands producteurs au monde.

L’histoire du rachat de Potash Corp, nous permet de réaliser l’importance des fertilisants chimiques dans l’agriculture industrielle et le rôle qu’on veut leur faire jouer pour augmenter la productivité des champs. Des alternatives ? Le recyclage des excréments humains (!), clé de l’avenir de l’agriculture.

Un autre papier récent nous rappelled le lien entre l’exposition de la mère aux insecticides et l’hyperactivité chez les enfants et Il y a de plus en plus de certitudes sur le lien entre le déclin des abeilles et les pesticides. Mais bonne nouvelle, elles peuvent aussi vivre en ville. Projet sur le Plateau.

Finalement, une belle découverte. Ravin Ramankutty de McGill qui fait des cartes géographiques montrant l’exploitation qu’on fait de la terre. Il nous confirme ce qu’on craignait : les terres cultivables sont presque toutes utilisées.

En nutrition :  Un autre super lien : La série behind the label sur CBC nous fait découvrir les ingrédients de ce qui se cachent derrière nos aliments, du big mac au jus d’orange.

Que mangent les américians? On voit que les produits d’origine animale comptent, en poids, pour près de 50% de l’alimentation de nos voisins du Sud. Même chose dans cet article où on apprend que les américains ne mangent pas leurs legumes. Pas surprenant qu’un américain sur trois soit obese (alors que “seulement” un sur cinq fume). Et chez nous ? 60% des canadiens en surpoids. C’est « que » 8 points de moins que les américains. Pas de quoi être fiers… En même temps, tout n’est pas la faute des consommateurs. Les données sont américaines mais la situation québécoise n’est pas différente. Pourquoi subventionne-t-on la viande et pratiquement pas les légumes ?

Laissez les enfants manger ce qu’ils veulent ! ». Le cri d’un pédiatre qui croit d’abord au plaisir de manger.

Commerce équitable : Transfair USA a publicé son rapport de la dernière année. Une bonne nouvelle : 47% du café équitable est maintenant bio. Reste que le commerce équitable moins populaire ici qu’en Europe. En suisse, par exemple, 50% des bananes consommées sont équitables. En tous cas, La Dairy Milk est vraiment équitable !

Sur le gaspillage alimentaire, de bonnes nouvelles. Les détaillants britanniques ont réduit leurs gaspillage de moitié depuis 2005. Pendant ce temps, un marché d’alimentation britannique est poursuivi pour les dommages causés à l’environnement par son suremballage. Et sur le meme sujet, l’ex président de Traders Joe’s est à Harvard pour trouver des solutions au gaspillage alimentaire.

Manger des insectes c’est branché, le Guardian et même le New York Times en parlent. Non seulement les insectes peuvent nous nourrir, mais les coquerelles pourraient être utilisées pour combattre des bactéries. En même temps, on apprend que les guêpes n’aiment pas être trompées.

Eau. Aquafina a payé 500 000$ en taxes municipales pour embouteiller 540 millions de litres d’eau de Montréal… La ville devrait plutôt faire comme Paris et proposer des fontaines d’eau gazeuse !

Un peu de psycho pour terminer. Aimer avoir mal serait un signe d’évolution. Notre amour des piments forts.

Et si vous en voulez encore, une belle liste de lectures relatives à l’alimentation.