Peut-on jouer avec sa nourriture ?
Pour que la soirée de la St-Valentin ne se termine pas en s’endormant devant le bulletin de 22h, que faut-il manger ?
Les liens entre la nourriture, les odeurs et le plaisir sexuel nous ont depuis longtemps intéressés. Chez les Grecs et les Romains, le basilic, le romarin, le safran, le miel, les raisins et les noix de pin étaient convoités pour leurs pouvoirs aphrodisiaques. Les figues, les concombres et les asperges ont aussi été traditionnellement liés au sexe pour des raisons plus métaphoriques. De nos jours, le foie gras, le caviar, les truffes et le champagne sont généralement perçus comme des aliments romantiques, sans doute à cause de leur rareté et de leur luxe. Reste que le classique des classiques dans les aliments liés à l’amour et au plaisir, c’est encore le chocolat. Mais au-delà de son nom romantique, le Cherry Blossom est-il érotique ?
Être chocolat
D’abord, on sait que le sucre stimule les zones du cerveau associées à la récompense et au plaisir. Ça part bien. Ensuite, le chocolat contient de la caféine, un stimulant qui diminue la somnolence et augmente temporairement l’attention. Plusieurs études ont aussi démontré qu’il avait certains effets positifs sur la pression artérielle. Le chocolat contient de la flavonoïdes, une substance qui contribuerait à la production d’oxyde nitrique, un élément essentiel à la bonne circulation sanguine. On y trouve aussi de la tryptophane, un acide aminé qui, comme l’ecstasy, participe à la production de sérotonine (un neurotransmetteur impliqué dans la régulation de l’anxiété et la douleur). Que peut-on désirer de plus ? Justement, on voudrait qu’il y en ait un peu plus. Il y a environ 30 mg de caféine dans une barre de chocolat moyenne contre 100 à 150 mgs dans une tasse de café. Quant aux effets euphorisants, il faudrait qu’un adulte de 130 lbs consomme 25lbs de chocolat pour les ressentir. Pas trop souhaitable sur une première date. Bref, l’effet plaisant du chocolat vient surtout du glucose (le sucre), mais il s’agit là d’un effet bien temporaire qui est rapidement suivi par une baisse d’énergie. Oups. Et la cerise sur le Blossom, c’est que l’odeur de la cerise réduit l’excitation sexuelle chez la femme (en tout cas, diminue l’apport en sang au vagin). Bref, on l’aurait pas cru, mais dans 9 1/2 weeks, Kim Basinger nous mentait. Pas ce soir chéri, j’ai eu un Forêt Noire pour dessert.
À vue de nez
Mis à part les cerises, d’autres odeurs pourraient aussi réduire l’excitation sexuelle chez la femme selon la même étude. La réglisse serait à laisser au dépanneur (mais mélangée au gâteau aux bananes, elle augmenterait l’excitation de 30%), comme le Old Spice et l’odeur de barbecue. En revanche, un mélange de lavande et de tarte à la citrouille pourrait faire des miracles. Faut le savoir.
Pour la psychologue Rachel S. Herz, auteure de The Scent of Desire: Discovering Our Enigmatic Sense of Smell, il existe des liens étroits entre les odeurs, les émotions et l’attirance sexuelle. Les odeurs provoquent des émotions qui déclenchent des changements neurochimiques. L’odorat serait le seul sens à éviter les parties conscientes du cerveau pour aller directement au système limbique, la région associée à la motivation et aux émotions. Comme la madeleine de Proust, la tarte à la citrouille et le gâteau aux bananes pourraient inconsciemment rappeler des souvenirs heureux. En revanche, on n’a pas de mal à imaginer que le Old Spice ait l’effet contraire.
Lâchez la viande et devenez cochonne
Depuis quelques mois, les pubs sensuelles et censurées de PETA sont très populaires sur Youtube. On y voit de jolies mannequins se trémousser avec des légumes et la conclusion a de quoi séduire : Studies show vegetarian have better sex. C’est vrai ? J’aurais bien envie de vous dire oui. PETA, elle, soutient que la consommation de viande rend les gens «gras, malades et ennuyants au lit» alors que les végétariens sont «en général en meilleure forme et plus minces que les carnivores». La consommation de viande est également associée à l’impotence, aux maladies coronariennes et à l’obésité. Les maladies coronariennes sont liées aux dysfonctions sexuelles et l’obésité est associée à une baisse de libido. On peut penser que les études de PETA sont tirées par les cheveux (ce qui, dans le contexte, n’est pas complètement inintéressant), mais on s’entend pour dire qu’un régime équilibré est étroitement liée à une vie sexuelle épanouissante et on a du mal à imaginer qu’un gros steak saignant puisse donner envie d’aller manger le dessert au lit.
Parallèlement, PETA mène aussi une campagne « Vegans taste better » et personne ne semble encore s’être dévoué à valider cette affirmation. Si l’expérience vous tente, vous pouvez peut-être commencer par une visite sur vegporn, des « titillating tofu eaters ».
Gros bon sens
Pas la peine de vous précipiter pour acheter Fork me, Spoon Me, The Sensual Cookbook d’Amy Reiley. Une rapide visite sur son blog vous convaincra que vous avez déjà dans votre frigo tout ce qu’il vous faut pour veiller tard. Un repas aphrodisiaque excitera le palais et l’esprit par un assortiment de couleurs, de goûts, de textures et d’odeurs. Un baba ghanoush avec des pitas grillés, des dates, des fruits, des biscuits Lu, des amandes, une bouteille de scotch. Finalement, avec tout ça, pas besoin de partenaire et on peut même regarder le bulletin de 22h tranquille.
Source: mis à part les sources mentionnées directement dans cet article, A Viagra Alternative to Serve by Candlelight Photo: extrait de Tian bian yi duo yun / La saveur de la pastèque (2005).